Depuis le 30 octobre à minuit, la France est (re)placée en (re)confinement. Cet état de fait imposé par le gouvernement dans la lutte face à la COVID-19, entraîne pour beaucoup de salarié(e)s l’arrêt total ou partiel de leur activité.
En temps normal, ce dispositif d’aide aux entreprises permet à ces dernières, d’indemniser à hauteur de 70 % ses salarié(e)s (ou à minima au SMIC), avant d’être remboursées par l’Etat, toujours à hauteur du SMIC. Cependant, rien n’empêche un employeur d’indemniser ses salarié(e)s au-delà s’il le souhaite ou si une convention collective ou un accord d’entreprise le prévoit.
Conséquences sur les cotisations retraite
Au-delà de la question indemnitaire, il existe aussi une conséquence plus lointaine mais toute aussi réelle : la retraite. En temps normal, les cotisations retraite sont assises sur le salaire brut de chaque salarié(e). Or, dans le cadre de la mise en place d’une activité partielle, l’entreprise verse à ses salarié(e)s non pas un salaire, mais une indemnité d’activité partielle, non soumise aux cotisations salariales et patronales, et notamment aux cotisations retraite.
En revanche, cette indemnité d’activité partielle est, en l’état de législation actuelle, assujetties à la CSG au taux 6,20 % et à la CRDS au taux de 0,50 %. Ces deux contributions sont calculées sur la base de 98,25 % de l’indemnité versée (application d’un abattement de 1,75 % pour frais professionnels).
Un impact potentiellement plus important sur la retraite de base
Le calcul de la pension de la retraite de base du régime général, repose sur 3 facteurs : le taux de liquidation, le salaire annuel moyen, et le nombre de trimestres acquis. La mise en place d’une activité partielle, peut influer sur ces facteurs.
En terme de nombre de trimestres, pour l’année 2020, il est nécessaire pour valider 1 trimestre, de cotiser 1 522,50 € ou encore de valider des trimestres dits assimilés en raison de certains aléas de carrière (chômage, maladie …). L’activité partielle n’est hélas pas énumérée par l’article R 351-12 du code de la Sécurité sociale.
On peut penser qu’un(e) salarié(e) qui travaille à temps complet, pourra raisonnablement valider ses 4 trimestres sur l’ensemble de l’année dans le cas où la situation sanitaire évoluerait rapidement dans le bon sens. L’impact pourrait toutefois être plus important pour des salarié(e)s travaillant à temps partiel, ou en contrats courts, et qui pourraient ne pas valider les 4 trimestres annuels.
Il existe une seconde conséquence pour la retraite de base, puisque cette dernière est calculée en fonction des revenus des 25 meilleurs années. Ces derniers ne sont que la stricte addition des revenus bruts perçus tout au long de l’année et limités au plafond de la Sécurité Sociale (41 136 € pour 2020).
Vous l’aurez compris, en fonction de votre salaire sur le reste de l’année, le revenu pris en compte pour l’année 2020 pourra être moins important que celui initialement prévu, et pourrait donc faire baisser (légèrement) cette moyenne.
Cette baisse aura donc une conséquence que très modérée sur la future pension.
Enfin, cette situation, aura un impact sur la retraite complémentaire. Bien que l’indemnité d’activité partielle ne vous permette pas de cotiser à la retraite complémentaire, les salarié(e)s bénéficient actuellement de points de retraite AGIRC-ARRCO gratuits à partir de la 61ème heure.
Seules les 60 premières heures d’activité partielle, vont causer un impact sur votre future pension de retraite complémentaire (voir exemples ci-dessous).
Ex : voici les différences de points AGIRC-ARRCO dans le cas d’une activité partielle de 2 mois en 2020.
Salaire brut |
Activité normale 35 heures |
Activité partielle indemnisée à 70 % | ||
Points Agirc-Arrco | Pension nette annuelle | Points Agirc-Arrco |
Pension nette annuelle |
|
2 000 € |
14,25 points | 16,29 € | 13,72 points | 15,68 € |
4 000 € |
35,61 points | 40,70 € | 32,69 points |
37,36 € |
6 000 € | 74,69 points | 85,38 € | 70,31 points |
80,37 € |
8 000 € |
113.78 points | 130,05 € | 107,94 points |
123,37 € |
Le cumul : activité partielle – allocations chômage
Il est précieux de noter que le cumul entre l’indemnité d’activité partielle et l’allocation chômage est possible sous certaines conditions. Ainsi, les salarié(e)s qui cumulaient déjà intégralement leur rémunération salariée avec l’allocation chômage, pourront toujours en profiter.
De plus, les salarié(e)s qui ont eu précédemment des droits ouverts auprès de Pôle Emploi non totalement consommés, pourront bénéficier d’une reprise du versement de cette allocation chômage et la cumuler, partiellement ou intégralement, avec leur indemnité d’activité partielle.
Le versement d’allocations chômage étant générateur de droits à la retraite , de base et complémentaire, les effets sur la retraite devraient dans le cas du cumul activité partielle / allocation de chômage, être quasi-nuls.
Finalement, la crise économique liée à la pandémie mondiale, risque de causer à long terme, bien plus de dégâts sur les pensions des futur(e)s retraité(e)s.
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